GRECE

République de Grèce
Capitale : Athènes
Superficie : 131 944 km2
Population : 10 454 000 hab.

Situation actuelle (1994)

Implantée sur son territoire depuis trois millénaires, l'ethnie hellène est bien typée, forgée par des siècles de haute civilisation, suivis d'autres siècles de sujétion. Sa renaissance nationale au XIXe siècle fut douloureuse et elle en garde une certaine crispation, d'autant plus grande qu'elle se sent menacée par ses voisins.

La Grèce est un pays relativement homogène ; c'est cependant le poids de la religion orthodoxe et l'identification de l'Eglise à l'État qui rendent les minorités ethniques si peu voyantes. Leur présence est pourtant très importante, sur toute la frontière nord du pays créant des contentieux avec les voisins.
Albanais en Epire du Sud et Macédo-bulgares en Macédoine et Thrace, ont été ou sont revendiqués par leurs patries respectives. L'autonomie de leurs districts devrait leur être accordée, prélude à leur détachement.
Plus particulière est la situation des îlots valaques-roumains du Pinde et de la Mégléna : le caractère antique de ces établissements, oblige à leur attribuer un petit foyer national, où pourraient d'ailleurs venir s'installer les Aromounes des pays voisins. L'autonomie à leur accorder reste compatible avec leur maintien indéfini dans le cadre de l'État hellène et le développement de liens particuliers avec la Roumanie.

Les problèmes de loin les plus graves restent liés aux nombreux différends gréco-turcs.
S'il y a peu de chances pour la Grèce de récupérer les territoires ioniens d'Anatolie peuplés depuis trois millénaires par l'ethnie grecque, la plus élémentaire des justices voudrait que soitt réduite à un caractère symbolique, la présence turque sur le sol grec et que soient donc rapatriés les 150 000 Turcs de Macédoine, de Thrace et du Dodécanèse. A moins que dans un souci de paix, on considère cette présence justifiée, à charge pour la Turquie d'accepter un nombre égal de ressortissants grecs sur son territoire, notamment à Istambul et en Ionie. Un tel accord pourrait être couplé à la solution de la question chypriote qui devrait être posée dans des termes semblables.
Pas plus que d'autres grands États, la Turquie ne saurait faire l'économie de la décolonisation des pays qu'elle soumet, de même qu'elle ne peut maintenir indéfiniment des prétentions territoriales injustifiées à l'égard de ses voisins. Ainsi, la mer Egée ne peut être tenue pour une mer turque et la restitution des îlots d'Imbros / Imruz et Tenedos /Bozcaada, encore partiellement peuplés par leurs autochtones hellènes, scellerait définitivement la reconnaissance de cette évidence par la Turquie.
En revanche, les blessures de l'Histoire ne peuvent justifier éternellement le non-respect des droits des minorités ethniques et religieuses, la Grèce doit donc adopter une législation les garantissant.
Elle doit notamment renoncer à faire figurer la religion sur les cartes d'identité et organiser un recensement linguistique honnête : l'hellénité n'a rien à perdre avec de telles mesures et la démocratie, au pays qui l'a inventée, peut au contraire s'en trouver durablement confortée.

Jean-Louis Veyrac 1994

Voir aussi :
Albanie, Bulgarie, Chypre, Italie, Macédoine, Roumanie,

carte

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