ALBANIE KOSOVO

LUGAR NO 15 ET16 (1ER TRIMESTRE 1982)

CHRONIQUE INTERNATIONALE MAI 1981

ALBANIE

Depuis la mort de Tito, on se demandait si le complexe puzzle ethnique yougoslave resterait longtemps intact. Nous venons d'assister aux premiers craquements avec les évènements du Kosovo.

Reprenons le fil des évènements .
Le ler avril, l'agence de presse yougoslave Tanyoug annonçait que des éléments "hostiles" avaient tenté de "troubler l'ordre public" a Pristina, ville principale du Kosovo, dans la république de Serbie. Les manifestants auraient lancé des mots d'ordre nationalistes albanais. En fait, ceci n'était que le troisième épisode d'une série de troubles qui avaient commenceéle 11 mars a l'université ; le 26 mars, a l'issue d'une nouvelle manifestation des étudiants, toutes les revendications économiques de ceux-ci ayant été acceptées, les négociations étaient rompues en raison de la demande de certains "extrémistes" de création d'une septième république féderée yougoslave, ne comprenant que le Kosovo. A la suite d'une intervention trés dure de la police, une dizaine d'étudiants auraient été bléssés et dix autres arrêtés. Les affrontements auraient repris le ler avril a Pristina et dans des localités voisines. Selon M. Oslantz, membre de la direction collégiale de la Ligue des Communistes de Yougoslavie, qui a tenu une conférence de presse le 6 avril, les évènements ont provoqué la mort de neuf manifestants et de deux miliciens . Il a également dénoncé l' émigration albanaise à l'étranger, notamment Stuttgart, Bruxelles et d'autres villes en Europe et en Amérique. Il a degagé la responsabilité du gouvernement de Tirana. Mais deux jours plus tard, précisement, l'organe officiel du Parti Albanais du Travail, Zeri I Populit, a repris à son compte la revendication des albanais du Kosovo, à savoir la création d'une république albanaise féderée à l'état yougoslave. Ceci est d'autant plus surprenant que les relations s' étaient améliorées entre Belgrade et Tirana depuis quelques mois.

Pour comprendre ces évènements, il faut rappeler guelques faits sur le Kosovo. Le Kosovo est une région autonome dans le cadre de la république de Serbie. AU moins 70 % de ses habitants sont albanais. C'est une des régions les plus deshéritées de la Yougoslavie. Mais c'est aussi le berceau du nationalisme serbe : c'était le centre économique et politique du royaume serbe aux XIIIème et XIVème siècles, avant la défaite infligée aux Serbes par les Turcs en 1389 à la bataille de Kosovo. Lors de cette bataille, le prince serbe Lazar fut capturé et décapité, et beaucoup de Serbes choisirent la mort plutôt que de se rendre à l'ennemi. Les chansons populaires en ont fait un symbole de la conscience nationale serbe. Puis la "déserbisation" du Kosovo commence . Les Serbes quittent en masse (1690, 1738) le Kosovo pour s'installer en Hongrie du sud, les Turcs les remplacent par des Albanais du nord. Ce n'est qu'en 1913 que la Serbie récupère le Kosovo et l'intègre dans la Yougoslavie de 1918. Elle y pratique une politique de colonisation des terres restées libres par des Cerbes , mais le taux de natalité élevé des Albanais ruine ces efforts de réserbisation. L'Italie fasciste englobera sous son protectorat l'Albanie et le Kosovo en un seul état. En 1948 l'Albanie se détache de la Yougoslavie bien que les communistes des deux pays aient collaboré étroitement pendant la guerre. Le Kosovo, bien que province autonome de la république de serbie depuis 1945, n 'a reconnu la nationalité albanaise qu 'en 1968. La province autonome est depuis cette époque dotée d'un corps législatif et d'un exécutif. En fait, elle a le statut d'une république fédérée sans en porter le nom. Alors, comment expliquer les évènements ? La situation économique ? La main de l'étranger (émigration, Tirana, Moscou) ?
La solution équitable sur le plan ethniste serait de partager le territoire entre Serbes et Albanais, le nord (dont Pristina) revenant aux Serbes et le sud aux Albanais.

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