GIBRALTAR

Dominion de Gibraltar, au Royaume-Uni
Superficie : 6 km2
Population : 29 000 hab.

Situation actuelle (1994)

Devenue en 1968 un territoire associé, autrement dit « dominion », cette ancienne colonie de la Couronne britannique constitue évidemment un anachronisme historique. Appendice vermiculaire de l'Espagne, Gibraltar est une source permanente de contentieux entre ce dernier pays et le Royaume-Uni.

Analyse ethniste et propositions

A l'évidence, tout porte à penser que cette base aéronavale qui fut un formidable point d'appui pour la Grande-Bretagne lors de son expansion impériale, reviendra tôt ou tard dans le giron espagnol. La valeur stratégique de cette péninsule et de sa baie vont décroissant : son abandon sur le plan militaire par les Britanniques est en cours. Tant que brillera un tant soit peu le prestigieux passé colonial de la puissance tutélaire, les habitants de Gibraltar, pour une bonne part de souche espagnole, se sentiront fiers de leur particularisme politique au flanc de la péninsule ibérique. Mais, la pression de l'environnement hispano-méditerranéen - la population active d'origine espagnole équivaut au double des résidents -, l'oubli des nouvelles générations, le probable morcellement politique du Royaume-Uni d'ici quelques décennies, l'intégration européenne enfin, amèneront les citoyens britanniques du rocher à se détacher toujours plus de la mère-patrie .
La rétrocession au Maroc des presides, les places-fortes espagnoles de la côte marocaine, autres vestiges d'une épopée révolue, celle de la Reconquista, rendrait bien difficile le maintien du statu quo actuel. Elle éviterait de faire de Gibraltar, l'énième problème de décolonisation dont tant d'États impérialistes ont cru bon, dans leur retraite forcée, de gratifier la communauté des nations. Le royaume chérifien a, certes, depuis longtemps, admis que les deux dossiers étaient liés.
Comme la Grande-Bretagne, l'Espagne est, elle aussi, confrontée à la dégradation irréversible de son statut d'ex-grande puissance. Comme elle, elle se refuse à faire les premiers pas. Madrid ne gagne rien à retarder l'échéance car l'Espagne risque de perdre les présides dans des circonstances beaucoup moins glorieuses pour elle. Son crédit augmenterait en Afrique du Nord, où elle a une place à prendre comme véritable interlocuteur alternatif à la France, en tant que pont géographique et culturel eurafricain.

Jean-Louis Veyrac 1994

Voir aussi : Espagne, Grande Bretagne

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