SLOVAQUIE

République slovaque
Capitale : Bratislava
Superficie : 49 000 km2
Population : 5 270 000 hab.

Situation actuelle (1994)

État de création récente sans véritable profondeur historique, la Slovaquie ne semble pas appelée à s'éloigner beaucoup de la Tchéquie. Trop peu de différences l'en séparent et trop de liens l'y rattachent encore, pour qu'il puisse en être autrement.
Langue et culture sont issues d'une souche identique et le mot tchécoslovaque est tout à fait pertinent.
Tout au plus, existe-t-il un complexe slovaque et un complexe tchèque, unis comme face et revers d'une même médaille. D'infériorité chez les Slovaques qui ne purent jamais avant ce siècle, se débarrasser de leurs maîtres féodaux hongrois, ceux-ci les ayant tenus en esclavage un millénaire durant.
De supériorité chez les Tchèques, fiers du glorieux passé de leur royaume de Bohême et artisans majeurs de la renaissance nationale au XIXe siècle.
D'une longue séparation historique sont nées deux mentalités, deux dynamismes et deux aspirations.
Le besoin de reconnaissance des Slovaques, fut trahi par les Tchèques, prépondérants par leur poids politique, économique, culturel dès l'indépendance de 1918.
Le divorce à l'amiable de 1993 est le résultat de cette vieille incompréhension, qu'aggrava la main-mise soviétique sur la Tchécoslovaquie, survenue après les tourments de la période nazie.

L'indépendance de la petite Slovaquie intervient donc comme une cure d'auto-réhabilitation, que l'égoïsme d'une Tchéquie plus aisée a précipitée. Bien handicapée par l'obsolescence de ses structures économiques, la Slovaquie hérite par ailleurs d'un épineux problème de minorité territoriale avec ses 60 000 Magyars, soit 12% de la population totale. Ceux-ci vivant à la lisière de la Hongrie, ce pays entend bien protéger ses co-nationaux d'outre-Danube.

Propositions

Les revendications (tout à fait légitimes) d'autonomie nationale des Hongrois de Slovaquie méridionale doivent être entendues ; plus tard, leur rattachement à l'État voisin ne sera que le prolongement naturel de cette concession.
La capacité ou non de traiter avec sagesse et clairvoyance ce problème ainsi que celui plus général des populations minoritaires tsiganes et rutènes (ou russines), indiquera dans quel État d'esprit et dans quelle situation géopolitique, l'État slovaque et les Slovaques appréhenderont l'inévitable réunification avec la Tchéquie.
Abordée positivement, la question magyare servira de test à la démocratie slovaque et lui garantira un environnement extérieur favorable.
Dans le cas inverse, l'autoritarisme ou le chaos prévaudront et retarderont d'autant les inéluctables ajustements.
Cette nécessaire auto-amputation slovaque sera pour les Tchèques, la preuve d'une grande maturité politico-culturelle et leurs sentiments fraternels ne pourront qu'en être revivifiés.
Mais ces derniers devront admettre que l'union ne peut se rééditer que dans le cadre d'un fédéralisme rénové à trois (Bohême, Moravie, Slovaquie), formule nettement plus équilibrée. Les Tchéques, de leur côté devront avoir réglé leur différend avec l'Allemagne et avoir rendu justice aux Sudètes.

Jean-Louis Veyrac, 1994

Voir aussi : Hongrie, Tchéquie, Ukraine.

carte

tableau des populations, ethnies, langues, religions

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