TCHEQUIE

République tchèque
Capitale : Prague
Superficie : 78 900 km2
Population : 10 300 000 hab.

Situation actuelle (1994)

L'ethnie tchécoslovaque avait pu en 1918 réaliser son unité et son indépendance entravées depuis des siècles. Depuis, alors que son identité au sein de la famille slave est flagrante vue de l'extérieur, elle n'a pas pu conserver cette unité, une incompréhension récurrente se manifestant entre la Bohême-Moravie, d'une part, et la Slovaquie, de l'autre. La chute des dictatures communistes et la fin de l'empire soviétique ont libéré les forces poussant à la séparation. Le désir d'être considérés à leur juste valeur pour les Slovaques, le souci d'intégrer au plus vite le monde occidental développé pour les Tchèques, ont conduit pacifiquement à la rupture.

Propositions

  1. Toutefois, celle-ci n'apparaît pas comme irréversible et il est souhaitable que l'unité soit restaurée dans l'avenir. Cependant, une condition élémentaire est requise : elle suppose que soit rénové le cadre du fédéralisme tchécoslovaque. Réclamée par les Slovaques dès l'indépendance, mise en place seulement en 1968 sous la pression des Soviétiques, la Fédération était viciée dans son principe, les deux composantes étant largement disproportionnées.
    L'unique alternative (qui a des partisans au centre de l'ancienne Tchécoslovaquie), est de rendre la Moravie autonome de la Bohême. Avec trois entités fédérées, le nouvel État commun serait beaucoup plus équilibré, les divers pouvoirs fédéraux pouvant être équitablement répartis entre Prague (Bohême), Brno (Moravie) et Bratislava (Slovaquie).

  2. Un autre élément conduisant à un nouvel et durable équilibre, est l'apurement des contentieux humains et territoriaux entre Tchéquie et Allemagne, d'un côté, Slovaquie et Hongrie, de l'autre.
    La question capitale de la restitution des biens et des terres des Allemands autochtones des Monts Sudètes et régions voisines (expulsés en 1946, au nombre de 3 500 000 dont 250 000 périrent massacrés) ainsi que l'éventualité de leur retour, ont été soulevées à la suite de la réunification allemande. La plus élémentaire des justices voudrait qu'on leur accordât effectivement réparation.
    Rendre la totalité du territoire peuplé en 1939 par les Allemands semble inopportun mais en restituer une portion significative (les régions de Karlsbad / Karlovy-Vary et Reichenberg / Liberec par exemple), serait plus que symbolique : un tel geste permettrait de satisfaire les droits des membres de la communauté allemande demeurés après l'expulsion et démontrerait la volonté des Tchèques de tirer un trait sur le passé.
    Il n'y a toutefois pas lieu de modifier la frontière austro-tchèque, l'ancienne zone de peuplement allemand étant peu étendue dans ces parages.
    Une courte période d'autonomie au cours de laquelle pourraient être réinstallés un certain nombre d'expulsés, précéderait le rattachement.
    Par cette initiative clairvoyante, la Tchéquie se donnerait les moyens d'intégrer plus vite les rangs de l'Union européenne.
Elle constituerait également un exemple pour la Pologne, dont les crispations territoriales devront bien prendre fin si elle veut un jour régler ses problèmes de voisinage.

Avec ce dernier pays, il n'y a pas lieu de revenir sur le réglement de la question de Tesin, effectué en 1958.
La mentalité libérale et ouverte des Tchèques est à même d'imaginer un futur pacifique, débarassé d'une conception géographique erronée de la nation - qui amena avec l'inclusion des Sudètes lors de l'indépendance, les drames que l'on sait.
De même, sont-ils en mesure de réévaluer leur histoire en ce siècle et capables d'admettre que leur complexe de supériorité à l'égard des Slovaques a contribué à rompre la naturelle unité tchécoslovaque.
Etre véritablement européens implique pour eux, de reconnaître et d'admettre les droits de toute minorité allogène, notamment en ce qui concerne la communauté tsigane.

Jean-Louis Veyrac, 1994

Voir aussi : Allemagne, Pologne, Slovaquie.

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