LETTRE R 

DROIT A LA REUNIFICATION (1991)
Si la réunification des Allemands est légitime, au nom des droits d'un peuple qui a été divisé de se retrouver, pourquoi la réunification des Catalans entre Catalans français et espagnols, des Basques, entre Basques français et espagnols, des Moldaves, entre Moldaves roumains et soviétiques, des Arabes Iraquiens et des Arabes Koweitiens ne serait-elle pas légitime ?

ETHNISME REDUCTEUR ?
Certains ethnologues pensent qu'on n'a pas le droit d'interférer dans la vie des ethnies dites primitives même pour leur apprendre leurs droits. Cest d'après eux une ingérence plus nocive que l'absence d'intervention. Je ne partage pas ce point de vue. Je crois au contraire que la non-reconnaissance et la non-diffusion du "droit à la différence" des ethnies est une situation réductrice. Comme si, dans le cas des Noirs d'Amérique, on avait retenu l'argument suivant "Tant qu'ils ne revendiquent pas la déclaration des droits de l'homme, il ne seront pas en mesure d'être libres".

RACISME
Il y a deux politiques pour s'attaquer au racisme l'une bonne, l'autre mauvaise.
La bonne est de reconnaître à chaque individu le droit à la différence de son groupe, que ce soit dans l'habillement, dans la langue ou dans les coutumes et, dans le cadre de cette reconnaissance, d'essayer d'établir des relations non conflictuelles entre les communautés ethniques en présence et reconnaître la prédominance et le droit au territoire de l'ethnie autochtone (un même territoire ne peut pas appartenir à deux cultures à la fois).
La seconde politique, la mauvaise, c'est de chercher à niveler toutes les cultures en une seule. Ainsi, considérer comme faisant partie d'un combat contre le racisme, le fait d'enseigner à tous une seule langue une seule histoire, de leur donner à tous pour qu'ils n'aient pas froid, les mêmes pantalons à mettre et, s'il le faut, les mêmes vins à boire (même s'ils sont musulmans et ne boivent pas de vin). Cela s'appelle une politique d'assimilation et d'intégration et fait partie de la panoplie de l'impérialisme.

RACISME DES INTELLECTUELS
En ce qui concerne le rapport de l'individu à autrui, il peut y avoir d'une part, reconnaissance du droit à la différence, et d'autre part, sur le plan de la vie de tous les jours, persistance du rejet de l'autre : l'exemple banal est celui de l'intellectuel qui dit avoir les idées larges mais déconseille fortement à sa fille d'épouser un homme de couleur ou les boutades du style "moi, raciste, jamais! mais un Noir dans ma famille…" illustrent ce hiatus entre le discours et le vécu.
J'ai vu des intellectuels déménager parce que "le seuil de tolérance envers les travailleurs arabes avait été atteint dans leur quartier". Seuil que leurs opinions anti-racistes n'admettaient pas. C'est la preuve que l'on ne peut régler le problème des cultures avec des slogans et que derrière les discours, il y a les réalités culturelles.

RACISME ET DIFFERENCE
Toute ethnie est naturellement ethnocentrique mais cela n'implique pas qu'elle doive être impérialiste. Exactement comme un individu peut exister avec le respect des autres individus. Vous n'obligez personne à se conformer à vos goûts, pourtant vous croyez avoir raison.
Racisme ou pas, si l'on compare les capacités intellectuelles d'un Bochiman à celles d'un Anglais, n'y a-t-il pas supériorité évidente de l'Anglais ?
Tout dépend de ce que l'on mesure. L'européen sera capable de classer, c'est-à-dire de se servir de son cerveau pour les exercices auxquels son mode de vie l'a préparé. Le Bochiman, lui, dispose d'autres capacités dans des situations différentes. Sa culture est aussi complexe que celle de l'européen, il peut par exemple discerner des centaines de plantes et d'espèces animales. Le Bochiman et l'européen n'ont jamais que les capacités qui les aident à survivre.

RACISME ET ETHNISME
Pour éviter tout malentendu, il faut prendre soin de ne pas confondre les termes "race" et "ethnie" qui ne recouvrent pas la même réalité bien que dans un cas comme dans l'autre, on procède à une classification à partir du constat de différences : ceux qui étudient les races prennent en compte la morphologie, la couleur de la peau, etc, par contre ceux qui étudient les ethnies s'attachent aux langues, aux modes de vie, à la culture des peuples. Tant que l'on reste sur le terrain de l'observation, en dehors de tout jugement de valeurs, de l'établissement de toute hiérarchie, on participe au progrès des connaissances; mais si l'on cherche à prouver "scientifiquement" la pureté ou la supériorité d'une ethnie sur d'autres, non seulement on déforme la réalité mais on nie le droit à la différence et on enclenche un processus de haine et de violence, on devient alors raciste. Personne n'ignore les ravages causés par ce type d'idéologie, surtout depuis la seconde guerre mondiale. Le racisme revêt différentes formes : il peut exister dans la volonté d'imposer à tous des valeurs, des critères identiques par la discrimination culturelle. Les mesures prises par Jules Ferry pour extirper les langues régionales du parler en France, peuvent être caractérisées comme racistes. C'est d'ailleurs souvent sous un discours universaliste que se dissimulent des thèses et des comportements racistes.

RACISME ET INTEGRATION
Statuant à partir de la déclaration des droits de l'homme telle qu'elle figure dans la charte des nations unies et du parlement européen on pourrait accuser de racisme B. H. Levy, Finkelkraut, Malhuret, la C.N.C.L. et d'autres. Le reproche qui serait alors fait à ces individus est qu'en prônant une politique d'intégration et d'assimilation ils refusent du même coup aux individus issus des minorités nationales Basque, Corse, Catalane, Bretonne, Flamande, Occitane etc… leur "droit à la différence", c'est-à-dire l'usage de leur langue et de leur culture à l'école et dans les médias et ce serait en contradiction avec l'article 27 des droits de l'homme des Nations Unies que la France a signé (traduit par moi de l'anglais)
"Dans les Etats où il existe des minorités religieuses et linguistiques, les personnes appartenant à ces minorités, ont le droit, en communauté avec les autres membres de leur groupe de se servir de leur culture, de pratiquer leur religion et de se servir de leur langue."

RASCISME DANS VIE DE TOUT LES JOURS
Vous êtes dans un bar, il y a du monde autour de vous, un Noir entre. Votre conscient enregistre immédiatement l'information. Autour de vous on fait de même. Le racisme va apparaître ou non suivant la façon dont cette information est acceptée. (crainte, angoisse, indifférence, plaisir)

RELIGIONS
Les religions sont souvent le lieu de défense des identités.
(voir les catholiques Irlandais qui sont catholiques pour ne pas être Anglais ou Ecossais
voir l'Islam qui défend l'identité arabe face à l'occidentalisation du monde
c'est une solution de rechange à une société de consommation qu'ils n'ont pas voulue et qui leur est imposée)
L'Islam propose autre chose que l'argent comme clef de voûte.
La laïcité ce n'est pas de la neutralitéc'est de l'idéologie et non tollérante.

REVISIONISME
Y-a-t'il un bon et un mauvais révisionisme ?
Refaire Katin bon révisionisme ?
Refaire l'histoire de France en montrant que la Corse et l'Occitanie ne sont pas si françaises mauvais révisionisme ?
Il faut donc des règles quand on cherche la vérité et comme première règle : avoir le droit de ne pas être d'accord avec la chansonette du pouvoir.
Il faut modifier les manuels d'histoire non pour faire plaisir au plus fort mais pour respecter la vérité.

ROUMANIE DESINFORMATION (1989)
Dès le début, dès le premier jour lorsque la télé jouait les grands mélos et parlait de milliers de morts, de massacres, de terreurs et de charniers en Roumanie je n'y ai pas cru.
Au contraire, j'ai cru à une campagne de presse bien orchestrée et bien menée.
-Il nous a été dit qu'il y avait eu 4.600 morts puis on a dit qu'il y avait 20.OOO morts, j'ai même entendu le chiffre de 30.000 morts, puis 60.000 morts.
Celà nous a été dit à la télé et à la radio avec le ton dramatique de la certitude, avec des mots affectifs etc. A la télé française un journaliste respectable anonce : on a découvert un charnier de 4.600 morts et les images qu'on va vous montrer seront insoutenables. En fait les images que j'ai vues et revues sur tous les écrans de télés ne représentaient qu'une lignée d'une quinzaine de cadavres dont une femme et un bébé.
Aujourd'hui on sait qu'on nous a menti qu'il n'y a eu ni 4600 morts ni 70.OOO mais en tout et pour tout, dans toute la Roumanie 694 morts y compris les pertes de la Sécuritat
Question qu'on peut donc légitimement se poser :
Pourquoi nous avoir menti ?
Est-ce parce qu'il ne fallait à aucun prix donner une chance à
Ceaucescu ?
Est-ce pour faire oublier les morts du Panama ? (exactement en même temps l'invasion américaine faisait, selon les sources panaméenes, 1200 tués panaméens et 69 Américains). Il y aurait peut-être le double de morts au Panama qu'en Roumanie et - si je ne me trompe - personne n'a parlé ni de génocide ni de massacre. Les morts au Panama furent noyés sous les 4600 à 40.000 morts en Roumanie.
L'information Française ne peut pas s'en laver les mains et dire qu'elle n'a fait que répéter et retransmettre l'information. Si ça avait été le cas, il fallait faire comme la BBC et annoncer : selon telle source roumaine non confirmée il y aurait X morts.
La France n'a pas fait cela, au contraire, elle a jeté de l'huile sur le feu elle a annoncé les morts, les massacres avec certitude en y ajoutant même de l'affectivité.
Tout au long de ces événements je n'ai cessé de me poser la question : que cherche la France dans tout cela ? Quelles sont ses arrières pensées ? J'en suis arrivé à la conclusion qu'elle n'a fait que penser, peser et diffuser l'information à partir du seul critère de son intérêt dans le cadre d'un monde de rapports de forces : essayer d'en profiter le plus possible économiquement politiquement etc.
Bref son attitude dans le traitement de l'information, y compris la manière dont fût traitée l'affaire des enfants adoptés, comme si les mères roumaines n'existaient pas et n'avaient pas de sentiments, mérite un 1/IO en déontologie journalistique.
Mettons-nous bien d'accord, je ne défends pas Ceaucescu ou son régime, car c'était un exemple type de régime sans liberté.
Ceci posé, Ceaucescu ne fut pas anti roumain ou anti peuple roumain il était pro- roumain mais il s'est empêtré dans l'erreur, il a voulu créer un socialisme scientifique, décider du bonheur des autres malgré eux (donc pas de liberté)et, parce qu'il pensait que c'était bien pour la Roumanie, il a voulu assimiler les hongrois de force (donc villages rasés) et parce qu'il pensait que c'était bien pour l'honneur de la Roumanie il a voulu payer ses dettes. (donc crise alimentaire).
Il se disait : étant donné que j'ai raison et dans la mesure où je fais ce qu'il faut, ils n'ont pas besoin de liberté c'est pas la peine de leur demander leur avis.
Cette attitude n'est pas rare. 60% des chefs d'Etats pensent avoir la solution au bonheur de leurs citoyens.

ROUMANIE SITUATION ETHNIQUE
La Roumanie a une minorité ethnique hongroise. (François Fontan dans sa carte linguistique du monde rattache une partie du territoire Roumain à la Hongrie). Ce territoire a toujours été habité par les Hongrois et s'il est Roumain c'est à partir de frontières artificielles issues de décisions arbitraires des grandes puissances qui n'ont dans leurs calculs jamais tenu compte de la réalité du peuple hongrois.
Par contre Les Moldaves situés en territoire soviétique sont des Roumains et il y a ou y aura bientôt un désir légitime d'unification.
Ce que je déplore c'est que les médias ont, par ignorance ou volontairement toujours ignoré ces réalités ethniques.
Ainsi lorsque les médias annoncent que Ceaucescu est en train de raser des villages et de détruire sciemment la culture du peuple roumain ("La perdition d'un peuple " Simone Weil) et donnent l'impression que Ceaucescu est devenu fou c'est en partie inexact. Les médias oublient de dire que la destruction concerne surtout les villages habités par des Hongrois et des Allemands et que cette action pourrait être comparée à la destruction de la côte occitane, basque ou bretonne pour y construire des hôtels. Ce n'est pas une excuse, bien sûr, mais cela éclaire la situation autrement.La solution ethniste est favorable à la partition linguistique du territoire, la seule capable d'éviter de futures confrontations douloureuses sinon une guerre civile. D'ailleurs dans l'Atlas, vous apercevrez que tout le centre de la Roumanie, avec la ville de Targul Mures est attribué aux Hongrois. Si Fontan n'a pas proposé de territoire pour la minorité Allemande fort importante, c'est parce que les allemands de Roumanie préfèreraient leur retour en Allemagne ce qui d'ailleurs est en train de se réaliser.
Par ailleurs l'analyse ethniste note que si l'on a cristallisé l'opposition à Ceaucescu autour du problème de la défense des villages hongrois, il n'est pas sûr que la population suive. Il suffit de considérer ce qui se passe aujourd'hui en Yougoslavie où les Serbes et les Albanais sont au bord de la guerre civile pour des raisons similaires.

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